Bien qu’il soit un peu tôt en saison, je vous propose de revenir un peu sur ces Primula grandiflora variées que l’on trouve dans les jardineries et qui sont issues de la Primevère acaule (Primula vulgaris).
Le dernier cours leur était consacré et je vous montre un petit aperçu de la variété très séduisante que j’avais trouvé en jardinerie, pour l’occasion. Pas de leçon en accès libre toutefois car j’ai beaucoup d’éléments sur les cours de plusieurs années et je suis en train de rédiger un Pdf général sur ces Primevères de jardin ( voir Leçons en Pdf, là).
Tout le monde connaît la charmante Primevère acaule, qui bientôt décorera nos talus ! Quelle persévérance ont déployé les horticulteurs pour aboutir à toutes les variétés que nous connaissons maintenant !
A propos des souches régionales de la Primevère acaule dont les couleurs diffèrent, on trouve surtout mention de variantes blanches de P.vulgaris. Des formes locales roses sont souvent évoquées dans la littérature, de-ci de-là, mais on considère en général qu’elles sont introduites.
Dans de vieux jardins se reproduisent d’années en années des primevères du type acaule dont la couleur rose à rose carné prête à polémique. Il existe, dans la nomenclature française une Primula vulgaris subsp rubra, anciennement P.Sibthorpii, qui se naturalise et se croise facilement avec sa cousine sauvage jaune pale ; des auteurs anglais assurent qu’elle est arrivée vers 1638 (elle est originaire du sud-est de l’Europe).
Attention, ici, je n’évoque pas les anciens hybrides fabriqués en croisant coucou, primevère et primevère élevée. En gros, ces « Polyanthus » sont dotés d’un bouquet de fleurs au sommet d’une tige unique alors que chez la Grandiflora, qui est acaule, il apparaît au cœur de la rosette de nombreuses tiges munies d’une fleur unique. Je vous rappelle un ancien article de flore du blog consacré aux Primevères ( à voir là ).
Les formes françaises à fleurs roses presque naturalisées seraient plutôt (d’après l’index Kerguelen de la Flore de France) des hybrides de la primevère acaule avec une petite espèce originaire du Caucase : Primula juliae très importante pour les croisements horticoles mais ramenée dans nos régions seulement vers 1911, en fait à Kew et à Oxford.
Pourtant j’ai tout de même débusqué dans la bibliothèque de notre Société d’Horticulture, un article datant de 1898 dans le tome 47 de la Revue horticole (Journal d’Horticulture pratique, fondé par les auteurs du Bon Jardinier et édité par la Librairie agricole de la Maison Rustique).Dans cette note, d’Edouard André, consacrée à la belle Primevère bleue dont je vous ai scanné le portrait, il est aussi fait mention d’une station très stable d’une variété rose lilacé de la Primevère acaule, en forêt d’Amboise, notée plus de 50 années de suite par les paysans locaux qui appelaient ce lieu la « Taille aux bouquets ». Ceci se passait donc avant l’introduction de Primula juliae…
Quant à cette variété presque bleue dénommée alors Primula acaulis caerulea, elle fut obtenue par M.G.Wilson en Angleterre, elle est dite vigoureuse et rustique (Il faut savoir que Primula acaulis, P.grandiflora, sont en fait des synonymes pour le nom valide : Primula vulgaris).
Dans le jardin botanique du col de Saverne,( voyez là ) il est fait mention de cette Primevère bleue (Primula acaulis caerulea) comme l’un des parents de la Primevère « Wanda », l’autre étant la Primula juliae , citée plus haut. De fait, le cultivar « Wanda » n’est pas sans rappeler cette chromolithographie de la primevère bleue, où elle paraît assez violette ; la primevère « Wanda » est encore très connue et appréciée dans les jardins.