Ce bel arbre (Magnolia grandiflora) aux grandes feuilles vernissées d’un vert lumineux et poudrées de roux au revers et aux opulentes fleurs d’un blanc ivoire est originaire des Etats unis. Les pétales un peu charnus rouillent assez rapidement bien qu’ils semblent solides, de ce fait la fleur est vraiment à peindre en priorité même si sa collerette de feuilles est indispensable à figurer en arrière-plan pour la faire ressortir.
Le parfum que dégage cette corolle est vraiment enivrant ! Cette étude à l’aquarelle a été réalisée à la mi-juillet en trois après-midis mais déjà le deuxième jour, les couleurs des pétales avaient changé et je n’ai pas voulu me laisser entraîner par cette oxydation des pétales.
Avant de tomber, ils prennent la texture et la couleur du cuir, c’est très surprenant et cela pourrait être un apport de second plan, dans une planche botanique complète où figurerait bien sûr également le fruit et aussi quelques graines rouges qui en surgissent, prêtes à tomber…
Dans une aquarelle sur vélin bien connue datant de 1743, le célèbre peintre en botanique anglais Georg Dionysius Ehret montre ces éléments, fruit et graines s'en échappant, comme posés à côté au pied du rameau.
Dans la corolle, autour de la masse globuleuse des carpelles, les étamines souvent bousculées par des coléoptères gourmands se retrouvent entassées dans le creux des pétales ; elles ne figurent pas là.
J’ai trouvé une autre très belle représentation de la fin du 18ème siècle de Carl Adolf Senff qui dénote la présence de ces filets d’étamines en petit tas. Ce peintre allemand fut renommé en Italie comme peintre de fleurs ; il semble qu’il peignait ses sujets floraux souvent à l’huile sur papier sans doute encollé sur un carton plus épais.
Il faut dire que les premiers Magnolias à grandes fleurs sont rapportés à la fin du 17ème siècle depuis les anciennes contrées sudistes d’Amérique que sont la Virginie et la Caroline, d’abord en Angleterre puis dans les jardins d’Europe.
A Nantes une collection nationale de référence des magnolias rappelle le passé d’introduction de ces végétaux rapportés sur le pont des voiliers traversant l’Atlantique. C’est le « Saint Michel » qui en 1711 transporta le premier plan de Magnolia grandiflora en France et le débarqua près de Nantes au port de Paimboeuf. Après de nombreuses péripéties et échecs, par marcottage aérien, le magnolia se répand peu à peu dans les jardins botaniques de l’ouest où il se plait en pleine terre.
Le fameux magnolia d’Hectot planté en 1807 au Jardin des plantes de Nantes provenait d’après Jean-Alexandre Hectot d’une marcotte du premier plan français cité ci-dessus, installé à la Maillardière (Vertou, près de Nantes) ; si cet arbre, le plus imposant de la région est bien toujours le même, il serait âgé de 211 ans ; il est à coup sûr vraiment remarquable (2,78 m de circonférence).