Mon intérêt pour la famille des Mélastomacées date d’assez longtemps avant que je puisse en admirer « pour de vrai ».
J'avais découvert l'existence d’un bel ouvrage historique sur la question, rédigé après le célèbre voyage d’Alexander von Humbolt et Aimé Bonpland en Amérique du Sud, qui dura cinq ans (1799-1804), et au cours duquel Bonpland récolta des quantités d’échantillons d’herbiers à classer dans de nouveaux genres. Parmi ces belles inconnues figuraient des Mélastomacées existant sur toute la région des Caraïbes.
Cette famille m’avait intriguée par la nervation bien reconnaissable de ses feuilles qui leur donne un aspect quadrillé presque trop régulier pour sembler naturel. Trois ou cinq nervures principales sont disposées en fuseau comme chez une monocotylédone mais en revanche les nervures secondaires nombreuses et parallèles entre elles sont assez perpendiculaires aux nervures principales. Malgré ces points communs bien typés des Mélastomacées, il en existe des quantités d’espèces, pas faciles à reconnaître entre elles et j’ai eu la chance d’en photographier quelques-unes en Guadeloupe en Janvier !
Tout d’abord je vais vous montrer quelques planches anciennes de ce fameux ouvrage, la «Monographie des Mélastomacées» édité entre 1818 et 1823, dont les planches furent dessinées après coup par Pierre Turpin et Pierre-Antoine Poiteau, qui tous deux connaissaient cependant ces contrées où justement ils s’étaient rencontrés.
Vous pouvez voir la qualité du travail de ces deux illustrateurs en botanique qui sont contemporains de Redouté et mériteraient d’être plus connus.
Les noms latins anciens sont différents des actuels, ce qui ne simplifie pas la tâche, heureusement pour certaines espèces, des botanistes ont travaillé à retrouver les synonymies. Quant aux noms vernaculaires ou créoles, ils sont charmants mais comme toutes ces mélastomacées sont des Kotlèt ou des Kré-kré, ce n’est pas de ce côté qu’on peut trouver de l’aide pour s’y retrouver !
Voici en photo Conostegia icosandra (Sw. ex Wikstr.) Urb., de son nom créole plus imagé : Bwa kotlèt, autrement dit Bois côtelette ; c’est une plante que j’ai pu voir à Basse-Terre près du Grand étang, au-dessus de Capesterre-belle-eau.
Dans le vol.1, t.53 de la Monographie des Mélastomacées, j’ai choisi de vous montrer Miconia floribunda (Bonpl.) DC. (autrefois : Melastoma floribundum Bonpl.).
Des Miconia, j’en ai vu plusieurs fois dans la forêt humide au centre de Basse-Terre.
Sur mes photos, ci-dessous, ce serait plutôt Miconia mirabilis, le Bois côtelette blanc ou encore Grand cré-cré.
Ces mélastomacées semblent se plaire en moyenne montagne, je ne crois pas en avoir vu sur le littoral ; en montant à la Soufrière, au sortir de la zone de forêt, j’en ai repéré davantage.
Par exemple, Charianthus alpinus (Swartz) R.A. Howard, qui a droit aussi entre autres noms à ce terme de kotlèt (Kotlet, kotlèt wouj, bwa sann) ; en Guadeloupe il est surtout noté autour de la Soufrière et son nom est plus souvent Fuchsia-montagne ou encore Cré-cré rouge.
Un autre arbuste au pied de la Soufrière (Savane à mulets), porte lui des corymbes de fleurs jaunes, je pense qu’il s’agit de Charianthus corymbosus (Rich.) Cogn. le Cré-cré noir ou Cré-cré rouge, en créole : Kré-kré wouj, Kré-kré nwé, Kotlèt wouj.
Tibouchina ornata (Sw.) Baillon est un petit arbrisseau rencontré plus haut dans des zones dégagées, il est nommé communément Thym-montagne, en créole : Ten montann. Sur ses petites feuilles, des poils blancs sont bien visibles.
Pour finir ma série, Nepsera aquatica (Aubl.) Naud. est une plante herbacée fragile et aérienne rencontrée en forêt humide d’altitude au cœur de Basse-Terre vers le Morne Léger.