Peindre des coquillages est devenu un intérêt majeur pour moi !
Ce que nous appelons coquillage, c’est la coquille, isolée du mollusque qui s’y trouve. La coquille des mollusques est constituée d’aragonite (une sorte de carbonate de calcium) et de matière organique secrétés par le manteau du mollusque ; on parle à ce propos de biominéral. La nacre fait partie des biominéraux ; il y en aurait 17 différents synthétisés par les mollusques.
La coquille est formée de trois couches différentes. Deux couches externes sont sécrétées par le bord du manteau. La plus en surface est le périostracum, il est plus ou moins visible et manque souvent en fait ! Il s’use sur les parties les plus anciennes, se présente souvent comme une couche fine cornée, jaunâtre ou brunâtre, il recouvre l’ostracum qui est la partie centrale minéralisée de la coquille. La couche la plus interne, l’hypostracum, se dépose à partir de toute la surface du manteau et assure la croissance en épaisseur uniforme. Elle présente un aspect nacré ou émaillé.
Sur la moule barbue, ci-contre on peut apprécier la différence de texture entre le périostracum (assez particulier dans ce cas), en haut et l’hypostracum nacré en bas !
Pendant le stage cabinet de curiosités, j’ai eu l’occasion de faire des démonstrations au sujet de la nacre et j’ai pu constater à quel point les couleurs variaient selon l’éclairage ! En effet, c'est l’organisation en couches des cristaux d'aragonite et de la conchyoline qui est responsable de l'aspect irisé de la nacre. Il faut bien réaliser que les couleurs perçues pour la nacre ne sont pas des « couleurs propres » dues à des pigments colorés mais dépendent de combinaisons d’indices de réfraction: c’est-à-dire qu’elles peuvent varier énormément selon la lumière ambiante et l’angle selon lequel vous observez votre sujet ! Il faut donc tenter différentes dispositions pour choisir celle qui vous plait le plus et éviter ensuite de brutaux changements d’éclairage.
Chez les porcelaines, pas de périostracum car le manteau du mollusque recouvre toute la coquille, c’est pourquoi elles sont comme émaillées en surface. Sur la bête vivante, le manteau remonte de chaque côté et ses 2 parties se rejoignent sur le milieu du dos et de fait, il existe souvent une ligne de couleur différente là. La spirale existe et on la verrait si on coupait la coquille mais elle est involutée.
Je vous poste ici la palette des couleurs et les 2 premières étapes du travail, l'état final est ci-dessus. Sur le premier état j’ai fait fuser le gris bleuté en premier lieu, la ligne jaune au milieu du dos puis les taches de Terre de Sienne + sépia qui sont déjà presque nettes, mais je suis revenue en glacis pour l’étape 2 avec les mêmes couleurs. Posé rapidement par-dessus les taches brunes, le gris bleuté ne les redilue pas. Dans la version finale, je suis revenue avec des touches de sépia pur au centre des taches mais sans les recouvrir totalement. Le gris bleuté et le gris mauve sont à base d’un mélange de Rouge indien (qui est un oxyde de fer) et de Bleu de Cobalt. J’aime beaucoup ce mélange pour ombrer le blanc.