Pour figurer cette petite tourbière , qui se présente, au premier coup d'oeil comme un espace plat et uniforme de graminées et de carex, entouré de fougères puis de bouleaux, j'étais désemparée...j'ai cherché des angles de vue qui me fourniraient un peu de premier plan.
Assise sur mon tabouret bas sur les cheminements de planches qui traversent la tourbière, je pouvais voir dépasser les toupets cotonneux des hautes linaigrettes qui accrochaient la lumière ainsi que les feuilles jaunes des rejets de bouleau. En arrière, les carex et les graminées puis les fougères-aigle s'estompent dans un second plan qui moutonne.
Pour montrer une vue d'ensemble, j'ai pris du recul en pénétrant dans la lisière du bois; sur les bouleaux écroulés papillotaient des feuilles rousses, un rameau maigrichon de sorbier des oiseleurs, qui pendait, mettait une note de rouge. Juste derrière,on peut sentir la ceinture de fougère-aigle, puis, au fond, la lisière de bouleaux et de pin sylvestre qui ferme l'autre côté de la tourbière. Le moutonnement intermédiaire sur lequel s'accroche un peu de brume, c'est la tourbière elle-même dans laquelle le seul accès est le cheminement de planches qui permet de découvrir cette flore (bien plus riche qu'on ne l'imagine de loin), sans la piétiner.
En effet, si on prend la peine de détailler les espaces de sphaignes qui s'intercalent entre les molinies et les carex, on peut découvrir entre autres, la bruyère à quatre angles, les droséras, et une petite liliacée aux feuilles en glaives comme les iris et aux fleurs jaune d'or : l'ossifrage brise-os. J'ai fait quelques croquis à la pierre noire de cette flore discrète.